Parution le 17 Octobre 2024
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« Per me si va ne la città dolente,
per me si va ne l’etterno dolore,
per me si va tra la perduta gente.
Giustizia mosse il mio alto fattore ;
fecemi la divina podestate,
la somma sapïenza e ’l primo amore.
Dinanzi a me non fuor cose create
se non etterne, e io etterno duro.
Lasciate ogne speranza, voi ch’intrate. »
Queste parole di colore oscuro
vid’ïo scritte al sommo di una porta ;
per ch’io : « Maestro, il senso lor m’è duro. »
Ed elli a me, come persona accorta :
« Qui si convien lasciare ogne sospetto ;
ogne viltà convien che qui sia morta
che tu vedrai le genti dolorose
c’hanno perduto il ben de l’intelletto. »
E poi che la sua mano a la mia puose
con lieto volto, ond’io mi confortai,
mi mise dentro a le segrete cose.
Quivi sospiri, pianti e alti guai
risonavan per l’aere sanza stelle,
per ch’io al cominciar ne lagrimai.
Diverse lingue, orribili favelle,
parole di dolore, accenti d’ira,
voci alte e fioche, e suon di man con elle
facevano un tumulto, il qual s’aggira
sempre in quell’aura sanza tempo tinta,
come la rena quando turbo spira.
E io ch’avea d’error la testa cinta,
dissi : « Maestro, che è quel ch’i’ odo ?
e che gent’è che par nel duol sì vinta ? »
Ed elli a me : « Questo misero modo
tegnon l’anime triste di coloro
che visser sanza ’nfamia e sanza lodo.
Mischiate sono a quel cattivo coro
de li angeli che non furon ribelli
né fur fedeli a Dio, ma per sé fuoro.
Caccianli i ciel per non esser men belli,
né lo profondo inferno li riceve,
ch’alcuna gloria i rei avrebber d’elli. »
⁂
« Par moi on va dans la cité dolente,
par moi on va dans l’éternelle douleur,
par moi on va parmi la gent perdue.
Justice a mû mon sublime artisan,
puissance divine m’a faite,
et la haute sagesse et le premier amour.
Avant moi rien n’a jamais été créé
qui ne soit éternel, et moi je dure éternellement.
Vous qui entrez laissez toute espérance. »
Ces paroles de couleur sombre,
je les vis écrites au-dessus d’une porte ;
aussi je dis : « Maître, leur sens m’est dur. »
Et lui à moi, en homme qui savait mes pensées :
« Ici il convient de laisser tout soupçon ;
toute lâcheté ici doit être morte.
Nous sommes venus au lieu que je t’ai dit,
où tu verras les foules douloureuses
qui ont perdu le bien de l’intellect. »
Et après avoir mis sa main dans la mienne
avec un visage gai, qui me réconforta,
il me découvrit les choses secrètes.
Là pleurs, soupirs et hautes plaintes
résonnaient dans l’air sans étoiles,
ce qui me fit pleurer pour commencer.
Diverses langues, et horribles jargons,
mots de douleur, accents de rage,
voix fortes, rauques, bruits de mains avec elles,
faisaient un fracas tournoyant
toujours, dans cet air éternellement sombre,
comme le sable où souffle un tourbillon.
Et moi, qui avais la tête entourée d’ombre,
je dis : « Maître, qu’est-ce que j’entends ?
qui sont ces gens si défaits de souffrance ? »
Et lui à moi : « Cet état misérable
est celui des méchantes âmes des humains
qui vécurent sans infamie et sans louange.
Ils sont mêlés au mauvais chœur des anges
qui ne furent ni rebelles à Dieu
ni fidèles, et qui ne furent que pour eux-mêmes.
Les cieux les chassent, pour n’être pas moins beaux,
et le profond enfer ne veut pas d’eux,
car les damnés en auraient plus de gloire. »